08/03/2005
Un "vieux pays" trop vieux !
Il y a environ cinq ans, j’étais allé à un concert à Pluvigner, près d’Auray, pour écouter chanter Denez Prigent et les Kanerion Pleuigner. Le concert s’est très bien passé jusqu’à ce que, à la fin, on nous demande de “nous lever pour chanter l’hymne national breton”... Bizkoah kemend all, jamais autant, moi, je ne savais même pas qu’il y avait un hymne national breton et en plus mon père, à côté de moi, le chantait par cœur... Il y a des jours comme ça, où l’on découvre. Sauf que, je n’ai jamais bien aimé me mettre au garde à vous, surtout pour chanter un hymne national qu’il soit français ou breton. “La musique qui marche au pas, cela ne me regarde pas”, aimait à chanter Georges Brassens. Et j’ai toujours trouvé les paroles de la Marseillaise trop guerrières, belliqueuses et aux relents xénophobes... Quant aux paroles du Bro Gozh ma zadoù, l’hymne national breton, censément, “Vieux pays de mes pères”, elles sonnent un peu trop vieillottes à mes oreilles...
Et voici qu’est arrivé, en 2004, le centième anniversaire de ce cher hymne national breton inspiré de l’hymne national gallois avec des paroles en breton écrites par Taldir Jaffrenoù. Selon le mensuel Breman, cet hymne a été choisi “par tous les Bretons comme leur hymne national”... Ah bon ? Où, quand, comment et par qui ce chant a-t-il été décrété hymne national breton ? Moi, je n’ai rien voté, ni mes parents, ni mes grands-parents... Le parlement français a choisi La Marseillaise en 1879. Des députés et sénateurs élus par le peuple, et notamment par les Bretons, en ont décidé ainsi. Même chose pour le drapeau bleu blanc rouge et la fête nationale... Il s’agit d’une procédure démocratique, ou presque, puisqu’à l’époque les femmes ne votaient pas. A moitié démocratique, mettons. Mais rien de tel pour le Bro Gozh. Il n’y a pas eu de vote pour choisir cet hymne national, ni pour le drapeau, ni pour la fête nationale bretonne que certains placent le, 19 mai, jour de la Saint-Yves...
Je vois bien des drapeaux breton, ou des autocollants, sur beaucoup de voitures ou sur certains bâtiments officiels. Récemment, les candidats UMP aux élections régionales ont même chanté le Bro gozh pendant un meeting... Cela ne leur a pas porté chance. Drapeau et hymne sont des symboles mais ils ne remplacent pas une véritable politique linguistique. Qu’on fait l’UMP et la droite, pendant les 25 ans où elle ont été à la tête de la région, pour promouvoir la pratique de la langue bretonne, du gallo, pour aider la culture populaire bretonne, pour inverser la chute du nombre de bretonnants ? Manifestement, elles n’ont pas fait assez , ou alors à contre cœur, ni n'ont montré suffisamment de volonté face au centralisme parisien. La droite bretonne a donc chanté le Bro Gozh, elle a du temps, désormais, pour danser un laridé.
Je ne sais pas s’il y a besoin d’un hymne national en Bretagne mais, si un jour un référendum est organisé démocratiquement pour en choisir un, je proposerai plutôt “Son ar sistr”, la chanson du cidre : “Le cidre est fait, lon la, pour être bu, le cidre est fait pour être bu, le cidre est fait pour être bu, et puis les filles, lon la, pour être aimées, et puis les filles pour être aimées...” Voilà une chanson entraînante et conviviale. Je voterai donc pour Son ar sistr... Et puis je crois qu’il faudrait aussi changer les paroles de l’hymne national français, mais c’est une autre histoire...
Christian Le Meut
10:25 Publié dans Breizh/Bretagne, Politikerezh/Politique | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : Bretagne forever !